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Histoire de Saint Révérien

 

 

Saint Révérien, les sites Clunisiens et l’ordre de Cluny, mais qu’est-ce que c’est ?

 

L’Abbaye de Cluny en Bourgogne (Saône et Loire) fut un haut lieu de vitalité spirituelle, économique, sociale et politique au Moyen Âge, fondée vers 910.

L’abbaye aura à cœur d’appliquer avec ferveur la règle de Saint-Benoît.

Dès le 10ème siècle, l’ordre de Cluny va se développer en France et même à l’étranger pour devenir quelques siècles plus tard un véritable centre monastique en Europe qui va engendrer la construction de nombreux monuments que l’on appelle aujourd’hui Sites clunisiens.

 

Une image contenant bâtiment, plein air, ciel, Architecture médiévale

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Restitution virtuelle de l'église abbatiale de l'ancienne abbaye de Cluny, dite "Cluny III" de la Maior Ecclésia, fruit d'un partenariat du Centre des monuments nationaux, de l'École nationale supérieure des Arts et Métiers et de la société ON-SITU, capture faite sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=xiyTuiI5jMQ&t=16s

 

 

Qu’est-ce qu’un site Clunisien ?

 

L’Abbaye de Cluny s’impose alors avec le soutien de la Papauté et de la noblesse du Saint Empire Romain Germanique en regroupant sous sa direction un nombre croissant d’Abbayes et de Prieurés devenant ainsi le plus important centre monastique du Moyen Age, rayonnant sur la France et l’Europe de l’Est.

Aujourd’hui, vous pouvez parcourir ces Sites Clunisiens en France et en Europe grâce à une carte des Sites Clunisiens identifiés grâce à ce symbole :

 

 

Abbaye de Cluny telle qu’elle était au 12ème siècle.

 

Au début du 10ème siècle, l’Église Catholique réforme les ordres monastiques, cette restauration s’appuie sur la règle de Saint-Benoît avec un règlement qui régit dans ses moindres détails la vie monastique.

 

Au 12ème siècle, l’Ordre de Cluny compte près de 2000 prieurés dont quelques-uns sont les plus grands établissements ecclésiastiques de l’époque : la Charité sur Loire, Souvigny, Saint-Martin des Champs…

 

À son tour accusé d’un trop grand pouvoir et d’enrichissement excessif, l’Ordre de Cluny perd de son pouvoir et de son influence spirituelle lors de l’éclosion au début du 12ème siècle d’ordres tournés vers la pauvreté et l’austérité comme Cîteaux, Prémontré et La Chartreuse.

 

L’abandon des vœux religieux par l’Assemblée Constituante en 1790 entraîne la disparition des moines et la disparition de l’Ordre, disparition marquée par la vente de l’Abbatiale de Cluny (devenue bien national) et sa destruction partielle afin de récupérer les pierres.

 

 

Pourquoi Saint-Révérien à Cluny ?

 

L’église de Saint-Révérien a été donnée par l’Empereur Charles le Gros à Saint-Cyr de Nevers en 886, l’évêque l’offrant à son tour en 1076 à l’Abbaye de Cluny.

L’église actuelle fut donc la priorale d’un établissement Clunisien sans doute assez important puisque la communauté a pu compter entre 12 et 15 moines au 12ème siècle.

Les chapiteaux du chœur et de l’hémicycle font penser à ceux de Cluny, placés dans la même partie de l’édifice.

Cet ensemble sculpté est l’un des plus importants du département de la Nièvre.

 

 

Pourquoi Saint-Révérien ?

 

Au 3ème siècle après Jésus Christ, Révérianus, évêque d’Augustodunum (Autun), est envoyé par le Pape Félix 1er (268 - 274) à la ville gallo-romaine tenu par les Boïens, nommée actuellement Compierre (nom d’époque oublié) pour évangéliser la contrée des Éduens à l’ouest du Morvan, accompagné du prêtre Paul et 10 missionnaires qui ont suivi la voie romaine d’Autun à Entrains.

 

Quelque temps après, on ne sait si c’est le gouverneur de la Gaule, Décius ou l’empereur de Rome Aurélien (270 – 275) qui décide d’en finir avec cette religion qui bafouait les dieux Romains.

Les soldats d'Aurélien, en garnison à Châlons, arrêtèrent Révérianus, Paul et ses 10 compagnons, les traînèrent devant le bourreau qui les décapita sur la hauteur ouest du futur village de Saint-Révérien, le 1er juin 274 dont le terrain s’appelle toujours le pré de Saint-Paul.

 

 

Statue céphalopode de Saint Révérien du XVIème siècle, classée Monument Historique.

 

Au 4ème siècle, paix et liberté rendues aux chrétiens par l'édit de Milan (313), une celle (en latin cella, maison monastique) est élevée sur les tombeaux des martyres au lieudit aujourd'hui appelé Saint Révérien à l'emplacement approximatif du Champ de St Paul vers l'intersection de la route de Brinon sur Beuvron et la route de Champallement.

 

Une autre tradition, entretenue à l'Abbaye Notre-Dame de Nevers le fait mourir avec ses compagnons près de la fontaine qui porte encore son nom et la rue qui y conduit et lorsque furent construites les tours de l'enceinte, on donna à celle près de cette fontaine le nom du martyr.

Le martyr est invoqué lors de grandes sécheresses pour qu'il intercède auprès de Dieu pour que tombe la pluie.

 

À la suite de la destruction de la ville Gallo-Romaine (Compierre aujourd’hui), les chrétiens se réfugièrent autour des tombeaux des martyrs, se regroupant autour de la chapelle.

 

Au 9ème siècle à l’âge d’or de la féodalité, isolé près des ruines de la cité Gallo-Romaine, le petit monastère célèbre par son Saint Martyr est revendiqué par le Comte de Nevers.

 

À la demande du Comte Guillaume, le Roi Charles le Gros par une Charte en l’an de grâce 886 retire du Diocèse d’Autun, ce petit prieuré de Saint-Révérien pour le remettre au diocèse de Nevers, à l’église de Saint-Cyr et à l’ordre des Bénédictins.

Les moines restaurent le petit prieuré, défrichent les bois et les terres agrandissent leur territoire, construisent un moulin en élevant une digue, en bas de la pente Nord, en bas de ce que l’on appelle maintenant la Terrée en créant aussi une retenue alimentée par le ru qui s’écoule de la fontaine de Révérianus qui n’a jamais tari.

Ils construisent un four à pain, plantent de la vigne, élèvent vaches et volailles, font vivre les premiers habitants qui constituent un village.

La renommée de ce premier monastère s’agrandit avec leur territoire.

 

Depuis la fin du 10ème siècle, l’Abbaye de Cluny étend sa puissance en Nivernais.

Après Saint-Etienne de Nevers, la Charité sur Loire, ce prieuré reçoit soutien et donations, vaut bien l’expansion de Cluny.

La grande Abbaye en la personne de son Abbé Hugues se fait remettre par le Comte de Nevers le prieuré de Saint-Révérien en 1055 pour huit siècles.

 

En 1076, ce monastère est affilié à Cluny avec le titre de prieuré conventuel (le prieuré de la Charité affilié en 1059, il y a des liens étroits entre les 2 prieurés). Ce prieuré devient très riche car les prieurs bénéficient des droits de seigneurie.

 

Ce qui était un modeste prieuré, va subir de nombreuses transformations et l’on dépêche auprès du moine maître d’ouvrage sur un chantier qui va durer plus de 50 ans, les moines bâtisseurs, les architectes, les maçons, les sculpteurs, les couvreurs, les tailleurs de pierres, les verriers, les ferronniers, les ébénistes et les peintres pour orner les murs, afin d’avoir contre le petit monastère, une église prieurale, digne des reliques du Saint.

 

Ainsi, il se construit une église dotée de chapiteaux sur le modèle de la maison mère. Il se construit un cloître, un logis pour le prieur, des bâtiments de ferme, un pigeonnier tour, des maisons pour les cerfs car le village s’agrandit des logis pour les pèlerins qui s’arrêtent sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.

Dessin succinct réalisé par Mme POINTUD DÉTRAZ lors de notre spectacle son et lumière de 2004

 

À son origine le clocher était sur la première travée du chœur, la nef et le chœur étaient élevés d'un second étage avec des baies supérieures. Les collatéraux sont étroits, le large déambulatoire aux trois absidioles rayonne une douce lumière.

 

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Dans le chœur, on trouve 6 colonnes, dont certaines sont monolithes qui ont été récupérées sur les ruines du temple de la villa gallo-romaine voisine appelée aujourd’hui Compierre.

 

Au 16ème siècle, les chapelles absidiales ont été décorées de fresques toujours visibles aujourd'hui.

 

Chapelle centrale "Est" Fresque Assomption, 16ème siècle avec les armoiries de Baudreuil.

 

Au sud était le prieuré dont il reste un corps de logis carré du 15ème siècle remanié vers 1500.

 

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Description générée automatiquement

Cadastre Napoléonien de 1837 du prieuré et de l’église.

 

Le Prieur devient Seigneur de haute et basse justice, les donations affluent dont la plus importante est celle de la comtesse Mahaut de Bourgogne. Grâce à elle, le prieuré s’étend sur Chevannes et avec Brèches, les Assarts, Vitry, les Bordes, Dompierre et Chanteloup, le prieuré possède également Beaumont, la Pouge, Michaugues, Neuilly, Reugny, leurs bois rejoignent les Seigneuries voisines.

Ils créent d’autres étangs, au Sud-Est, celui des Perrières, le long de la forêt et sur ses pentes d’autres vignes.

Ils perçoivent la dîme des récoltes et les revenus des banalités.

 

En 1360, des brigands pillent le prieuré et l'église.

 

La Renaissance arriva, une autre époque à partir de laquelle, le prieuré de Saint-Révérien ne put échapper à la Commande, cette institution désastreuse qui permet au Roi de remettre les bénéfices des monastères à des Prieurs Commendataires étrangers et souvent laïcs, qui oublient d'entretenir l’église et les bâtiments du monastère qui tombent en ruine dû en partie à un incendie en qui détruisit les voutes au 15ème siècle.

 

Ainsi voit-on alors ces Prieurs Claustraux rentrer en conflit permanent avec eux.

 

Nous connaissons tous ces Prieurs Commendataires, qui achètent, échangent, transmettent par héritages les revenus du Prieuré.

 

- Carolus Beaudereul (Charles de Beaudreuil), le seul qui a une pierre tombale dans l’église (devant la chapelle Est).

 

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Description générée automatiquement

Pierre tombale de Charles de Beaudreuil en 1534.

 

- Pierre Damas de Crux en 1598, qui se fit remettre le prieuré à un âge si avancé qu’il mourut au bout d’un an.

 

- Achille Damas de Crux de 1598 à 1652, le neveu et l’héritier de Pierre.

 

- Edouard Vallot de 1652 à 1663, Neveu d’un médecin de Louis XIV

 

- Eustache de Cherry, Évêque de Nevers, qui convoitait la Commande et à la fin de sa vie échangea son siège d’Évêque avec Edouard Vallot pour obtenir le prieuré de 1666 à 1669.

 

- Michel de Cherry de 1670 à 1698, le neveu et l’héritier d’Eustache, chanoine trésorier du chapitre de Nevers, le mauvais sujet à la réputation sulfureuse, l’ami des dames et des mauvais garçons par qui le scandale va arriver.

 

- Eustache II de Chery de 1698 à 1728, son parent, à qui, il a dû remettre le prieuré et sous la Commande duquel l’église devint Paroissiale.

 

- Laurent de Chery de 1728 à 1781, le neveu et héritier d’Eustache II, qui a dû lui payer une rente viagère, Laurent de Chéry ne vint jamais à Saint-Révérien, il dût abandonner la Commande car la réforme exigeait qu’il soit Évêque, ce qu’il n’était pas.

 

- Mouchet de Villedieu, de 1781 à 1789, le dernier Prieur, Doyen du Chapitre de Nevers, Évêque de Digne, fut le seul à entreprendre des réparations.

 

- Michel de Chery, cupide et sans vocation aimait les femmes au point de les faire peindre au-dessus de son lit dans le logis du prieuré et agacé par les demandes de son prieur claustral Don Vignault qui depuis 15 ans lui demande des réparations.

 

Sous la Commande d’Eustache II de Chery a lieu l’incendie de l‘église en 1723, le feu, parait-il, se serait propagé de l’église paroissiale en haut du village à l’église prieurale et qui est celle que nous connaissons, c’est l’église conventuelle.

 

Le prieur Claustral Don Chapriat n’est pas d’accord, il conteste le récit des événements, il se lamente devant l’église dans laquelle il pleut et il neige parce qu’il n’y a plus de toit, parce que les réparations commandées par Eustache II de Chéry sont réduites à l’essentiel (restaurations sommaires effectuées de 1735 à 1739), il ne consolida pas les piliers soutenant le clocher, il n’a pas reconstruit la chapelle Saint-Nicolas, ni remplacé les cloches fondues par l’incendie.

 

Il ne reste plus que deux moines, l’église est devenue paroissiale et est gérée par un prieur et un sacristain faisant office de chantre.

 

Et c’est ainsi que le dernier prieur commandataire Mouchet de Villedieu fait construire une grange près du logis, il a le temps de passer commande auprès d’un couvreur pour l’entretien des couvertures, prend en charge les deux derniers religieux, âgés, en leur donnant une rente sur les revenus du prieuré.

 

Mais 8 ans plus tard en 1789, tout s’arrête !

 

Après inventaire des biens ecclésiastiques, l’église paroissiale qui a déjà été remise à la commune, lui est laissée avec un prêtre assermenté.

 

Les terres, bois et exploitations sont vendus. Le logis du prieur est acquis par le Maire, monsieur Cornu qui allume un feu de joie au pied de l’arbre de la liberté en brûlant les dossiers du prieuré.

L’église devint Temple de la Raison.

 

De ce Prieuré, il nous reste :

 

- l’Église Prieurale dont les habitants sont fiers

- la Fontaine sacrée de Révérianus

- le logis du prieur

- Les caves sous la mairie

- La grange des Dimes

- Le colombier tour

- Le four à pain

- l’Auberge de la Madeleine

- La chantrie

- Diverses maisons du 18ème siècle

 

 

 

Logis du prieur tel que nous le connaissons maintenant.

 

A la Révolution française, en l'an II (1793), Saint Révérien est rebaptisé Brutus-le-Bourg puis prend le nom de Saint Révézin vers 1801 et enfin retrouve son nom d'origine Saint Révérien vers 1826.

 

Vers 1830, le clocher et la nef s’effondrent.

 

L’église fut largement restaurée à partir de 1833 par l’architecte départemental M. Paillard et le clocher porche est reconstruit en 1838. En 1840, la nef fut reconstruite. Le chœur avec son abside et les anges au-dessus de la porte d’entrée furent classés Monument Historique sur la recommandation de Prosper Mérimée la même année.

 

La sacristie actuelle a été construite en 1864 où l’on trouve un grand nombre de décors représentant 10 scènes de la vie du Christ peint par Émile Paley (1843-1919).

Il a aussi restauré légèrement certaines peintures du 16ème siècle se trouvant dans les chapelles en 1887 et peint plusieurs œuvres à la fin du 19ème siècle (voir plus bas).

 

 

 

Peintures dans la sacristie "Nord", représentant diverses scènes de la vie du Christ, réalisée par Émile Paley.

 

 

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Peinture dans la sacristie "Sud", représentant la Cène du Christ, réalisée par Émile Paley.

 

Les 6 premières travées et les collatéraux correspondants sont donc modernes, dans cette nef, les chapiteaux sont sculptés en 1878.

 

Un chapiteau de la nef sculpté en 1878.

 

 

Emile PALEY (1843-1919), peintre qui est né et a vécu à St Révérien, a réalisé quatre peintures murales qui se trouvent dans la première travée de la nef près des fonts baptismaux et du confessionnal (signé du menuisier de Donzy Léon Ragueneau).

Elles représentent : la Foi, la Création, le Baptême du Christ, le Jugement dernier.

C’est lui aussi qui a peint le tableau, accroché au-dessus de l’entrée dans la première travée qui a pour thème La Résurrection du Christ. Il avait l’intention de continuer ses peintures murales sur les bas-côtés avec des thèmes de doctrine et d’histoire religieuses

 

 

 

Peinture "Ouest", Baptême du Christ, réalisée en 1898 par Émile Paley

 

 

 

Peinture "Nord", La Création, réalisée en 1898 par Émile Paley

 

 

 

Peinture "Sud", Le Jugement dernier, réalisée en 1898 par Émile Paley

 

 

 

Peinture "Ouest", La Foi, réalisée en 1898 par Émile Paley

 

 

 

Peinture sur toile, Résurrection du Christ en 1898 par Émile Paley.

 

 

L’église telle que nous la connaissons aujourd’hui fut achevée en 1898. Quelques restaurations ont eu lieu au  20ème siècle mais rien qui n’a changé l’aspect du bâtiment.

 

 

Église vue côté Nord, côté cimetière.

 

 

 

Église vue côté Ouest.

 

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Église vue côté Sud, coté mairie et école.

 

 

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Église vue coté Est, coté champ de foire avec vu sur l’ancien prieuré.

 

 

L’art roman et ses fondements :

 

Il est difficile voire impossible de s’imaginer comment vivaient, pensaient et communiquaient les gens du 12ème siècle. Ils n’avaient rien de comparable aux acquis de notre époque. La très grande majorité n’allait pas à l’école, ne pouvait ni lire, ni écrire. Ils n’avaient ni journaux ni magazines ni moyens de communication. Ils n’étaient pas submergés par des images comme nous. L’église était de loin le seul bâtiment où les moyenâgeux étaient en contact avec des images sous forme de tableaux, fresques, décorations ou sculptures.

En revanche, ils étaient parfaitement familiers avec la terre et le ciel. Ils possédaient beaucoup de compétences et de connaissances sur la nature et respectaient beaucoup tout ce qui était entouré de mystère. La main de Dieu était partout. L’exemple suivant illustre bien mes propos.

Dans le temps, le métier de sourcier était une profession très respectée et très en vue. Les indications et les conseils du sourcier étaient bien écoutés et pour beaucoup de gens d’une importance capitale et incontournable pour leur existence ou leur avenir. C’est aussi le cas pour l’église de Saint-Révérien dont l’emplacement a sûrement été indiqué par un sourcier.

 

Quels éléments les établissements religieux du onzième et douzième siècle ont-ils en commun ?

 

Pratiquement toutes les églises construites à cette époque sont orientées Est-Ouest. Pourquoi ? L’idée derrière cette orientation est que le soleil se lève à l’est et Jésus est le symbole de la lumière. Il dit notamment : "Je suis la lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres". Donc lorsqu’on se trouve au fond de l’église dont l’entrée est souvent à l’ouest, le fidèle reçoit la lumière, symbole du Christ, en face de lui. À Saint-Révérien par exemple en entrant on se trouve d’abord dans les ténèbres pour être attiré après vers la lumière, tellement la différence est parfois grande. C’est aussi une manière de mettre le moine ou le fidèle en état de recueillement parce que ce contraste entre lumière et obscurité augmenté par le volume de l’église auquel les moyenâgeux n’étaient pas du tout habitués, impressionne (encore) souvent le visiteur.

 

Dans une église romane tout est symbole. Un contemporain de l’époque le décrit comme suit : "Une église se compose de quatre murs c’est-à-dire elle est construite sur la doctrine des évangélistes. L’église a une largeur, longueur, hauteur. La hauteur symbolise le courage, la longueur la détermination pour aller jusqu’au domicile céleste, la largeur est la pratique de l’amour du prochain (…). Les fondations du temple de Dieu sont la foi qui est familière avec des choses invisibles, la porte est l’obéissance aux commandements, le sol est l’humilité ". Il faut bien retenir que les gens du Moyen-Âge étaient habitués aux symboles, une disposition que nous avons dans une moindre mesure.

 

Le but de ceux qui ont conçu les églises romanes était de construire un édifice terrestre dont le lieu, l’orientation et les proportions seraient en parfaite harmonie avec le monde céleste. Tout est fait pour arriver à en faire un lieu de communication et de communion entre l’homme et Dieu. Le carré est la figure de base de chaque église romane. Il fait référence aux quatre évangiles, aux quatre fleuves du Paradis, aux quatre murailles de la Jérusalem céleste. Le carré symbolise la terre, le monde des humains. Vient ensuite le cercle qui représente le ciel. C’est pourquoi un autel dans les églises romanes se trouve toujours au milieu d’un cercle réel ou imaginaire. À Saint-Révérien l’autel est entouré de quelques piliers qui forment un demi-cercle. Chaque chapelle rayonnante est un demi-cercle qui exprime que le lieu est sacré. Le triangle équilatéral a trois côtés égaux et possède à cause de cela une charge symbolique forte. Il est mis en rapport avec la Trinité.

 

Ouest                                                        Est

Plan de l'église du 2 mai 1869.

 

À Saint-Révérien, on imagine un triangle équilatéral ayant sa pointe au milieu de l’autel central et ses extrémités au milieu des colonnes du chœur (voir plan de l’église). Cette recherche constante d’harmonie n’a pas seulement pour but de vouloir le plus possible plaire à Dieu mais aussi d’optimaliser le plus possible le recueillement du priant.

 

La façon de penser des gens était basée sur le dualisme. C’est un système religieux et philosophique qui admet deux principes, comme la matière et l’esprit, le corps et l’âme, le principe du bien et le principe du mal que l’on suppose en lutte perpétuelle l’un avec l’autre. Au début de ce chapitre nous avons vu le contraste entre lumière et obscurité. Une autre opposition dans les églises romanes est celle entre nord et sud. À Saint-Révérien, après être entré on trouve à gauche le côté nord et à droite le côté sud. Au Moyen-Âge le côté nord était considéré comme le côté symbolisant l’obscurité de l’existence humaine et l’absence ou la négation de la foi. En revanche le côté sud reçoit le plein soleil et par ce fait souligne toute la richesse de la foi et de la spiritualité. C’est pourquoi par exemple les fonds baptismaux se trouvent toujours côté gauche dans les églises romanes puisque les catéchumènes (ceux qui se préparent au baptême) n’avaient pas encore reçu la lumière de Dieu. C’est également le cas à Saint-Révérien. Nous verrons au chapitre suivant que les chapiteaux du côté nord ont une signification tout à fait différente par rapport à ceux placés côté sud.

 

J’ai dit antérieurement que l’endroit où a été construite l’église de Saint-Révérien est bien spécial et très particulier. Cela vient du fait que le sourcier qui a indiqué l’endroit sentait qu’il y avait un cours d’eau souterrain qui traversait l’endroit (l’église est bien humide !). En même temps il a constaté que des ondes cosmiques et telluriques s’y croisaient. Ce qui différencie notre église des autres, c’est l’eau qui coule en dessous. Dans la foi catholique, l’eau est un symbole majeur. Elle représente essentiellement la purification non seulement littéralement (se laver) mais aussi au sens figuré (se laver des péchés). Cette idée de purification et de régénération a été certainement fortement ressentie par les moines et les pèlerins lorsque l’église était prieurale et par les fidèles lorsqu’elle était devenue paroissiale.

 

Un autre aspect n’est pas négligeable. Notre église a trois (symbole de la Sainte Trinité) chapelles rayonnantes ce qui n’est pas commun. Dans l’esprit moyenâgeux et dans la tradition catholique de l’époque un filet d’eau doit nécessairement couler sous chaque autel ce qui explique l’absence de chapelles dans d‘autres établissements religieux romans. Puisque c’est le cas pour notre église, il a été possible de la doter non seulement de chapelles mais aussi d’un déambulatoire. Et cela était important pour une autre raison. Notre sourcier avait détecté à part l’eau également des ondes telluriques et cosmiques. Tous les gens du Moyen-Âge vivaient près de la terre et de la nature.

 

Tous avaient développé une sensibilité plus ou moins grande pour capter ces ondes. Le sourcier a orienté les bas-côtés et le déambulatoire de l’église de telle façon que le moine en allant du nord au sud capte le plus d’ondes possibles pour que sa régénération soit la plus complète possible et son énergie suffisamment renouvelée pour être en état de se rapprocher un peu plus de Dieu. Le chemin qu’il parcourait plusieurs fois par jour allait donc de l’obscurité de la vie vers la luminosité de Dieu et de la vie éternelle.

 

Le chemin l’amenait aussi à recevoir le message de Dieu et à lui donner la force de l’intégrer. Tout autour de lui contribuait à pouvoir y parvenir. Il est logique alors qu’à la fin du chemin il ne faut pas retourner à la porte par où on est entré. On retournerait à l’obscurité.

C’est pourquoi toutes les églises romanes ayant un déambulatoire ont une porte de sortie autre que la porte d’entrée.

 

 

À Saint-Révérien elle est encore visible mais murée dans le mur sud. Elle donnait accès aux bâtiments conventuels du monastère.

 

 

Les chapiteaux et leur interprétation :

 

Caractéristiques générales

 

Puisque beaucoup de gens étaient illettrés les moines et religieux ont entre autres inventé une décoration en haut des piliers des églises qui avait pour but d’enseigner aux moyenâgeux la doctrine catholique. On appelle ces décorations chapiteaux. Un exemple saisissant est la basilique de Vézelay qui compte plus de cent chapiteaux racontant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament ou représentant des situations à vocation morale et spirituelle.

L’unique objectif des moines et des prêtres de l’époque romane est la conversion spirituelle. Tout pour eux était voué à Dieu et leur tâche consistait en plus de la prière à diriger et enseigner les hommes afin qu’ils obtiennent la vie éternelle.

L’église de Saint-Révérien est une église prieurale, donc destinée en priorité aux moines et les chapiteaux sont là d’un autre ordre. Leur but n’est pas d’inculquer la connaissance et la morale chrétiennes aux fidèles ou de convertir les infidèles, leur but est différent.

Cette église prieurale de Saint-Révérien est construite en pleine période de la réforme grégorienne qui s’étend sur plus d’un siècle. C’est le temps où la papauté voulait regagner coûte que coûte le respect et la confiance du peuple et du pouvoir pour le clergé et la vie monastique parce que les mœurs et la conduite de nombre de prêtres et de moines s’était beaucoup relâchée. Le message sur les chapiteaux rappelle aux moines à tout moment de leur marche dans l’église qu’ils doivent une stricte obédience à la règle de Saint-Benoît qui régit tous les monastères de l’Occident : Se convertir, rester loin des tentatives du monde humain où le diable est toujours aux aguets pour les dissuader de leurs bonnes intentions.

Le mot convertir mérite une explication. Il n’a pas le sens de devenir chrétien après avoir été païen. Convertir veut dire ici essayer de devenir un meilleur chrétien voire tenter d’arriver à un haut niveau de spiritualité, même de sainteté donc chercher à se rapprocher le plus possible du bon Dieu au point de mériter la vie éternelle. Tel est le message véhiculé par les chapiteaux de l’église de Saint-Révérien. Évidemment il faut pas mal d’efforts aux moines pour rester sur le bon chemin, afin qu’éclose toute leur humanité dans l’exemple de la vie de

 

Jésus. Cette lutte intérieure, ce combat spirituel se voient maintes fois représentés dans les chapiteaux.

 

Quelles sont les caractéristiques des chapiteaux ?

 

En général les chapiteaux des églises romanes sont peints. Cela a été aussi le cas à Saint-Révérien. Sur plusieurs piliers on voit encore vaguement des traces de polychromie ainsi que sur les faces de quelques chapiteaux. Nous ignorons totalement quel a été l’effet de toutes ces couleurs sur la compréhension de leur message. Ce qui est sûr, c’est que l’absence de couleurs est bien regrettable parce qu’elle rend plus difficile la lisibilité de la sculpture.

 

 

Un exemple probant est le chapiteau sur la troisième colonne à partir de la gauche. Il faut un certain temps pour déchiffrer ce qu’on voit ; un serpent qui se mord la queue dotée de pattes et d’ailes.

Avec les couleurs on aurait compris plus vite de quoi il s’agit.

 

Une autre caractéristique des chapiteaux est que tous ont impérativement un sens religieux. Parfois ce n’est pas évident.

Le premier chapiteau se trouvant contre le mur extérieur nord est un bel exemple. On distingue, difficilement il est vrai, deux personnes ayant un bâton dans la main et une porte derrière laquelle on aperçoit une barrique de vin. La signification n’a rien à faire à un état d’ébriété mais réfère à l’eucharistie. Il est important de toujours tenir compte de la religiosité exprimée dans chaque chapiteau.

 

Au début de ce siècle, on a commencé à photographier et à cataloguer tous les chapiteaux des églises romanes en France. Alors on a découvert que les moines utilisaient un langage codé pour concrétiser certaines notions abstraites. Toutes les feuilles, fleurs, branches, arbres que nous voyons dans l’église de Saint-Révérien ont un sens positif. Ils réfèrent aux vertus du jardin, aux parfums qu’ils dégagent, aux fruits qu’ils peuvent produire, aux fleurs qui peuvent s’éclore.

Ils renforcent l’idée de vertus spirituelles (la justice, la foi, la charité p.e.) et transportent l’âme vers d’autres sphères. Tous les animaux ailés ont la même signification dans les églises romanes comme celui cité plus haut.

L’aile est un symbole exprimant la volonté de s’affranchir du péché, de sa condition terrestre, de vouloir quitter le temporel pour accéder au divin. Les imagiers romans ont doté d’ailes les âmes qui s’élèvent dans le domaine spirituel. Il en découle que dans l’art roman, tout ce qui porte des ailes est spirituel, positif, même les pires monstres comme ici le serpent normalement un symbole du diable. Un monstre avec des ailes décrit en réalité une âme empêtrée dans le péché mais qui produit des efforts pour sortir de sa monstruosité et avancer sur le chemin de la spiritualité. C’est un appel à continuer sa conversion.

 

Ce qui est écrit plus haut nous conduit à la question de la lecture des chapiteaux. Il faut les décrire à plusieurs niveaux :

 

- Le niveau littéral : Description de ce que l’on voit.

 

- Le niveau subjectif : Quelle est l’intention du sculpteur et pourquoi suis-je concerné ?

 

- Le niveau anagogique : En quoi cela peut-il augmenter ma spiritualité ? À quoi dois-je aspirer en regardant le chapiteau ?

 

Un exemple parmi d’autres est le chapiteau du dernier jugement, cinquième colonne à partir de la gauche. On voit sur une face deux anges qui sonnent la fin du monde avec en-dessous les humains sortant de leur tombe, sur une autre face la pesée des âmes suivie de deux sculptures imaginant l’enfer et le ciel. Le premier niveau décrit donc la résurrection de tout le monde à la fin des temps. Ensuite le croyant doit se demander s’il est bien préparé à cet événement. En dernier lieu, il doit se rendre compte de tout ce qu’il a à faire pour arriver au ciel, ne serait-ce que pour éviter les horreurs de l’enfer.

 

 

5ème chapiteau, vue cotée Est

 

Une promenade à travers l’église

 

Après la description des généralités de l’art roman il est utile d’essayer de capter l’impression totale que les artisans voulaient laisser auprès des moines, pèlerins, ou passants.

 

 

La surprise commence dès l’entrée. Deux anges portant des vêtements byzantins et tenant probablement une coupe montrant l’Agneau, symbole du Christ. La voussure est décorée de feuilles de vignes et de grappes de raisin. Le tout indique qu’on entre dans un endroit sacré, un sanctuaire qui mérite une certaine attitude.

 

Une fois entré, le moine est frappé et attiré par la lumière du chœur mais aussi par l’harmonie des dimensions. C’est que la nef fait ¾ de la longueur et un bas-côté ¼ de la largeur. (Voir le plan).

 

En s’avançant dans l’allée centrale, il remarque tout de suite à droite un chapiteau où deux oiseaux boivent au calice. Ils représentent les âmes saintes qui viennent puiser des forces spirituelles dans la communion. Un regard circulaire de la nef lui donne l’impression d’être dans un jardin. Ce sentiment renforce le recueillement du début. Au milieu de l’allée se trouve un chapiteau d’un fauve crachant des feuillages. C’est une image positive qui symbolise les bonnes paroles qui sortent de sa bouche soulignée par les perles sur une partie de la végétation indiquant par là qu’il s’agit de la Sainte Écriture.

 

Arrivé au chœur il va à gauche, le côté nord de l’église, celui qui évoque l’obscurité, l’absence ou le peu de croyance.

 

Quatre chapiteaux soulignent cet aspect.

 

- D’abord les rinceaux (arabesques végétales) sur le premier pilier. Ils représentent les paroles stériles et le verbiage inutile ; le grand espace entre eux le peu de réceptivité au langage du Christ.

- De l’autre côté du pilier nous voyons des bergers à qui le Seigneur montre l’étoile. Mais ils ont l’air de regarder ailleurs et ne semblent pas se soucier de la bonne nouvelle. Les paroles ne sont pas fructueuses.

- A la même hauteur sur le mur extérieur, deux personnes trouvent porte close. Une barrique de vin est pour eux hors d’atteinte. La bonne parole est encore loin. Ils semblent fâchés ce qui est bon signe pour s’améliorer dans l’avenir.

- Plus loin sur le mur extérieur nous distinguons un chapiteau où il n’y a que des feuilles et cela sur deux niveaux seulement. La végétation ne porte en plus aucun fruit. Les feuilles sont la première parure des arbres. Elles annoncent les fleurs puis les fruits (les vertus). Mais il ne faut pas que cette espérance en reste là.

 

Les chapiteaux suivants montrent la plus ou moins lente transformation de l’homme. Ils témoignent de son combat spirituel et intérieur. Ses tentations et ses passions sont symbolisées par des créatures malfaisantes. Il commence à se rendre compte qu’il doit s’enrichir spirituellement pour gagner le ciel, la vie éternelle.

 

- Quelques oiseaux se nourrissent aux boutons de fleurs apparus aux feuillages qui sortent de la bouche d’un prédicateur. Les bonnes paroles commencent à être écoutées ce qui veut dire que la spiritualité est en bonne voie.

 

 

- Le pilier ayant de la végétation sur ses quatre faces a pour la première fois trois niveaux de feuillages. Cela veut dire que la plante commence à s’épanouir parce que les trois niveaux réfèrent au corps, à l’âme et à l’esprit. L’homme a pris conscience de son état ; il y a un début de spiritualité. La corde tissée autour du pilier montre qu’il commence à contrôler ses pulsions animales, à brider ses instincts.

- Le pilier suivant incite à la conversion sous différentes formes : une image puissante est celle où le lion (symbole de Dieu) attaque le griffon, archétype du monstre (symbole du diable).

- L’homme pécheur perd sa grandeur d’homme et revêt par-là l’animalité. Dans un premier temps il prend un visage humain. Nous voyons un serpent parler à cet être hybride. Il lui dit des paroles douces et tirées de l’Écriture. Cela se voit aux feuilles qui sortent de sa bouche. Mais attention, ce serpent a deux têtes ce qui veut dire l’homme animal risque de succomber à d’autres moments aux tentations et passions.

- Nous avons déjà parlé de la signification du serpent ailé. On peut ajouter que mordre la queue veut dire qu’il aspire à un retournement, revenir de l’animalité à l’humanité.

- Deux monstres veulent croquer un enfant qui symbolise l’âme. Voilà ce qui arrivera aux personnes qui ne suivent pas les directives de la Bible. Le monde animal les engloutira.

 

Le pilier suivant accentue la progression de l’acquisition de la spiritualité. Les rinceaux sont moins espacés. Ici et là un fruit est perceptible mais le plus beau est l’apparition de fleurs et de perles, signe de la croissance de la spiritualité et l’agrandissement de la conscience.

 

 

La colonne suivante représente le jugement dernier et s’étend sur quatre faces. Deux anges sonnent la fin des temps, les morts quittent leur tombe. Ensuite nous voyons la pesée des âmes où un diable et un ange se disputent les ressuscités. On reconnaît un diable à ses cheveux qui semblent en feu ! Après le verdict les âmes disparaissent soit dans la gueule du diable marqué par INFERNUS, soit elles vont au ciel marqué par PARADISUS. Le purgatoire est une notion ultérieure et servait à adoucir le choix rigoureux entre bons et mauvais dans la perspective de l’éternité. Depuis le chœur le moine voit uniquement la balance qui pèse les âmes. En circulant dans le déambulatoire on aperçoit d’abord l’enfer (le diable qui engloutit tout) puis le ciel symbolisé par la Jérusalem céleste surmontée d’une croix. Entre ces deux univers contrastés est-il vraiment difficile de faire un choix judicieux ? (Voir 5ème chapiteau).

 

Nous parvenons aux piliers du sud qui expriment la joie, l’exaltation, la félicité de quelqu’un qui a laissé derrière lui les épreuves et la lutte intérieure et a atteint le plein épanouissement.

 

- La série commence par un treillis carolingien qui exprime la perfection. L’harmonie entre les différentes couches de la sculpture est étonnante, On ne voit ni le début ni la fin des rubans qui se trouvent partout sur la colonne en parfait équilibre. Cette perfection est le symbole de l’éternité ; la conversion spirituelle est un succès total.

 

 

- Ensuite nous voyons trois personnes couronnées jouant de la lyre. Une personne couronnée dans l’art roman veut impérativement dire que la personne en question a repoussé ou vaincu définitivement ses mauvais penchants et ses passions. Elle a mérité la couronne des élus. Elle a orienté vers Dieu ses pensées profondes, elle s’est recentrée sur la perfection. Être couronné veut toujours dire qu’on est dans la promesse du ciel. La lyre et le calice indiquent que c’est par la prière et l’eucharistie qu’on arrive à obtenir la couronne.

 

- Sur l’autre face de ce pilier nous rencontrons l’homme nouveau. L’homme-pécheur, le vieil homme, est un animal à visage humain, comme on a vu. L’homme nouveau s’est débarrassé de son animalité, a accompli une démarche de conversion et a intensifié sa spiritualité. Il a fait une renaissance et n’a donc pas de barbe. Maintenant il est entouré par une végétation luxuriante, il habite la grande et belle maison de Dieu mais Il doit être vigilant pour garder son degré de sainteté puisque les monstres, un griffon et un fauve, l’attendent dehors.

 

 

Et voilà que les derniers chapiteaux reprennent en chœur les avertissements contre le monde matériel tellement séduisant. Ils remettent en mémoire après l’euphorie la lutte intérieure quasi permanente. Une image très claire dans ce domaine est celle de l’histoire de Jacob puisque tous les ingrédients d’un terrible drame sont là. Il s’agit de trahison familiale, de tromperie, d’abus de confiance. De quoi s’agit-il au juste ? Nous voyons Isaac au milieu, le pater familias aveugle. Il vient de bénir Jacob mais aurait dû bénir Esau, l’aîné. À gauche Rebecca, la femme d’Isaac, a utilisé un subterfuge pour que le père bénisse le plus jeune fils. À l’instigation de sa mère, Jacob s’est vêtu de la veste rugueuse d’Esau pendant l’absence de son frère à la chasse, puis s’est présenté devant son père pour demander la bénédiction. Isaac, touchant la veste croit que c’est Esau et donne la bénédiction. Par ce geste il a transmis à Jacob tous les droits d’aîné qui normalement auraient dû échoir à Esau.

 

 

Sur le chapiteau on le voit rentrer avec un gibier sur l’épaule mais il est trop tard ; l’acte est fait et irréversible. C’est qu’au Moyen-Âge le droit d’aînesse est d’une importance capitale et influence l’histoire de beaucoup de familles.

Pourtant sur les autres faces du chapiteau nous voyons Jacob dormant et recevant en rêve la vision d’une échelle (où des anges montent et descendent). Il constate que les liens avec le ciel ne sont pas rompus malgré ses méfaits. Sa conscience commence à lui jouer des tours, il entre alors dans une lutte intérieure féroce et terrible avec un ange d’où il sort vainqueur. Sur la quatrième face, serait-ce lui assis sur un cheval en route vers son père pour demander pardon ou en route vers Dieu pour le servir le reste de sa vie ?

 

Avant que le moine quitte le déambulatoire il reçoit encore quelques avertissements qui doivent aiguiser sa vigilance. Le meilleur exemple est le dragon à sept têtes symbolisant le mal qui est partout et sous toutes sortes de formes.

 

 

Les derniers chapiteaux exhortent le moine à continuer à suivre le Christ. Les oiseaux sont les moyens les plus utilisés pour traduire la parole de Dieu. Le couple d’oiseaux qui picore représente l’acceptation et l’adhésion à l’essence de la doctrine.

 

Le moine quitte l’église par la porte latérale située dans le mur avant la sacristie. Les chapiteaux de la nef, du chœur et du déambulatoire lui ont enseigné une belle leçon de vie et de morale. S’y ajoutent les ondes telluriques et cosmiques qui lui procurent l’énergie de ne pas baisser les bras. S’y joint aussi l’eau purificatrice coulant sous ses pas qui lui donne la force régénératrice pour remplir sa mission jusqu’au bout.

 

Fresques Chapelles Est et Sud :

 

L’église de Saint-Révérien est un joyau de l’architecture romane. Mais elle possède aussi un ensemble remarquable de peintures du 16e siècle qui mériterait une étude approfondie. Le décor de la chapelle Est contient une représentation de la Vierge aux attributs.

 

 

Une exposition au Musée national du Moyen Âge met en avant en ce moment cette représentation de la Vierge aux attributs à travers une plaquette en ivoire et une gravure sur cuivre, et l’artiste parisien qui en serait à l’origine, Jean d’Ypres. Il est fort possible qu’à la fin des années 1520, le prieur de Saint-Révérien Guy de Baudreuil (riche et influent ecclésiastique au service d’une tante du roi Charles VIII), ait demandé que cette représentation de la Vierge aux attributs soit peinte à ses frais.

 

Une enquête est en cours sur ce grand collectionneur d’art et mécène. Des églises de Picardie, d’Ile-de-France, de l’Allier, le Metropolitan Museum de New York, la Bodleian Library d’Oxford, la Bibliothèque Nationale des Pays-Bas à La Haye, la Bibliothèque Nationale de France ont des œuvres d’art, des manuscrits, des éléments architecturaux, que lui ou certains de ses proches ont commandé.

On peut toujours voir dans le fond de l’église de Saint-Révérien, en face de la fresque de la Vierge aux attributs, deux fragments de la tombe de Charles de Baudreuil (mort en 1534), un moine qui gérait peut-être le prieuré pour son parent Guy de Baudreuil.

 

Zone de Texte: 1534

Karolus Baudreuil

 

 

Tombe de Charles de Baudreuil, dalle incomplète.

 

Des documents découverts récemment montrent que Guy de Baudreuil avait fondé une chapelle en l’honneur de Saint Claude dans l’église de Saint-Révérien. Il est fort possible que cette chapelle corresponde à celle orientée au sud et ornée elle aussi de peintures du 16ème siècle.

 

 

Toute information sur cette chapelle Saint Claude pourrait faire avancer la recherche !

Si une grange, une maison de Saint-Révérien ou des alentours possède une représentation peinte ou sculptée du blason des Baudreuil (des cœurs surmontés de couronnes), n’hésitez pas à nous le faire savoir !

 

 

 

Et maintenant le village :

 

Au 19ème siècle Saint Révérien est florissant (élevage de bovins, carrières de grès, flottage du bois) mais son activité dépérit au 20ème siècle dû en grande partie à l'exode rural mais l'élevage de bovins et d'ovins reste la principale activité de la commune.

 

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Carte postale montrant la Foire de Saint Révérien au début du 20ème siècle, cachet du 5 octobre 1908.

 

Des carrières de Grès ont été exploité sur la commune de Saint Révérien à partir de 1850.

Elles sont situées sur la route de Champallement, elles ont connu leurs heures de gloire, en servant à paver certaines rues de Paris et le parvis de Notre Dame de Paris.

La pierre extraite sert aussi localement au pavage et à la construction. Ces carrières font l'objet d'une réquisition pendant la Première Guerre mondiale et l'armée y fait travailler des prisonniers allemands.

Leur activité cesse en 1925 et il ne reste aujourd'hui que le quai d'embarquement du chemin de fer

Un livre a été édité par la Camosine, écrit par Philippe Donie en 2024, disponible dans les points de ventes partenaires.

 

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Tailleur de pavés de grès protégé par une ombrière, début du 20ème siècle.

 

 

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Carrières de pavés à Saint Révérien, début du 20ème siècle.

 

 

Un petit train appelé Tacot est créé entre Nevers et Corbigny, Saint Révérien aura sa gare dès 1905.

Ce train à voies métriques sera arrêté définitivement en 1939, faute de rentabilité. Voir son histoire, ici.

 

La commune comptait 978 habitants en 1866 (record).

 

En 1901, notre commune comportait 925 habitants dont :

 

-         717 habitants dans le bourg

-         59 habitants à Sancenay

-         20 habitants à Feuille

-         1 habitant aux Ombreaux

-         61 habitants à Brèches

-         3 habitants à Maison Rouge

-         64 habitants aux Angles

 

Toujours en 1901, chaque façade était un commerce ou un artisan, on ne décomptait pas moins de 80 entreprises, artisans, magasins de tous types, 31 agriculteurs, 3 hôtels et 13 cafés.

 

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Hôtel de la Perdrix vers 1930.

 

Mais malheureusement, les guerres et l’exode rural ont fait chuter la démographie pour atteindre un minimum de 156 habitants en 2017.

 

Depuis 2021, la démographie du village remonte pour atteindre les 191 habitants en 2022.

 

 

Textes écrit pour les journaux municipaux de 2018, 2019, 2022, 2023 :

Jan de Beer, Dominique Maupou, Cyrille Chatellain et Bruno Piffret

 

Retrouvez d'autres informations sur Wikipédia et sur le site de Belles Eglises.

 

 

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